05 /10 / 2017

Image et réalités du logement social : un débat pour battre les clichés

Comment améliorer l'image du parc locatif social de la région angevine ? Voilà la question à laquelle le Conseil de développement de la région d'Angers tente de trouver des réponses depuis un an. Point d'orgue d'une réflexion sur la mixité sociale démarrée il y a bientôt deux ans, la soirée-débat animée par Yves Boiteau début octobre a permis au Conseil de développement d'enrichir les pistes d'actions qu'il proposera aux élus de la Communauté urbaine dans les prochains jours.

Dans le prolongement de son rapport sur la stratégie de peuplement d’Angers Loire Métropole, le Conseil de développement de la région d’Angers a engagé en 2017 un travail spécifique autour de l’image et l’attractivité du parc locatif social.

Pour enrichir ses travaux, il a organisé le 5 octobre 2017 une soirée-débat, à la salle du Hutreau, autour des résultats d’une enquête d’opinion qu’il a lui-même diligentée (par voie numérique) auprès d’environ 300 habitants de l’agglomération angevine.

Les résultats de cette enquête confirment la prédominance d’une image « mitigée » des Angevins à l’égard du logement social (61,2% des sondés). Et celle, plus clairement négative, qu’ils entretiennent à l’égard du parc social dans les quartiers prioritaires du territoire. Mais l’enquête a aussi mis en évidence de vraies nuances d’opinion selon la proximité de fait des sondés avec l’habitat social. En clair, plus le sondé vit à proximité de l’habitat social, moins son opinion est mauvaise. Loin des yeux, loin du cœur !

de gauche à droite, Bérengère Feufeu et Marc Thévenet de la CLCV, Yves Boiteau, animateur des échanges et Christophe Béchu, Président d'Angers Loire Métropole

L’habitat social entre auto-critique et impuissance

Devant une centaine de personnes et en présence de Christophe Béchu, président d’Angers Loire Métropole, des acteurs régionaux du logement social – Axel David, directeur de l’Union sociale pour l’habitat des Pays-de-la-Loire et Hervé Guérin, directeur d’Angers Loire Habitat –  et des représentants des locataires, Bérangère Feufeu et Marc Thévénet, respectivement animatrice en logement social et bénévole à la CLCV (Confédération logement et cadre de vie) de Maine-et-Loire, ont pu livrer leurs réflexions sur ce « décalage ».

Pour constater d’abord que les clichés, à Angers comme ailleurs, avaient la peau dure, entretenus qu’ils étaient « par des faits nationaux, d’incivilité, des faits-divers, relayés par la presse nationale qui contribuent à ternir notre image » (Hervé Guérin). « Les logements sociaux, c’est comme les trains. On ne parle que de ceux qui sont en retard mais jamais de ceux qui arrivent à l’heure et où les choses se passent bien » a appuyé Bérangère Feufeu (CLCV). Or, en plus des importantes opérations de rénovation et construction exemplaires engagées ces dernières années, les bailleurs sociaux angevins ont produit à la fois de nombreuses actions correctives qui ont fait progresser le niveau de satisfaction de leurs locataires et des actions de communication pour faire connaître la qualité de leur parc. Force est d’admettre que ces efforts conséquents n’ont pas encore porté leur fruit dans l’opinion publique…

Mixer, dédensifier, une nécessité territoriale

Selon Christophe Béchu, un double enjeu se pose : « Comment on corrige l’image de ceux qui sont loin ? Comment pour ceux qui sont près, on enlève les désagréments qui parasitent le regard. » Et pour le président d’Angers Loire Métropole, une partie de la réponse se trouve dans la stratégie de redistribution de l’offre de logement social à l’échelle du territoire communautaire, opérations de renouvellement urbain à venir (ANRU2) à Belle-Beille et Monplaisir comprises.

Reste à savoir à quel rythme redistribuer cette offre dans les différentes communes d’Angers Loire Métropole. Selon quelle logique ? Pointant la nécessité de développer les services et la solidarité intercommunale pour accompagner le mouvement, Axel David estime que les organismes de l’habitat social « ont encore des étapes à franchir pour passer d’une vocation de construction et d’entretien de logement, à une implication véritable dans une stratégie de peuplement. » « La question corollaire qui est très importante, c’est le moyen de déplacement : un transport en commun. Parce qu’on sait que dans les populations les plus fragiles financièrement, le taux de motorisation est beaucoup moins important » insiste Bérangère Feufeu.

De là à imaginer la création d’un Centre intercommunal d’action sociale, comme le recommande le groupe de travail du Conseil de développement ? Présent lui-aussi à la soirée, Daniel Dimicoli, le vice-président d’Angers Loire Métropole en charge de l’urbanisme s’est montré prudent : « Les mutations, ça ne se décrète pas […]. Je pense qu’il faut commencer par apprendre la mutualisation. Et la mutualisation aidant, on arrivera à terme par une implantation définitive d’une structure qui pourra couvrir le territoire. »